David a acheté un appartement à Kiryat Séfer. Il accorde à ses voisins sa signature à leur demande d’agrandissement de leur appartement. Ce n’est que trois ans plus tard que David décide de construire lui aussi un balcon devant sa salle à manger. Mais quel ne fut pas son étonnement de se voir refuser la signature de ses voisins ! Ceux-ci prétendent que, contrairement à leur construction, celle de David va leur causer un dérangement. En effet, le bâtiment étant dénivelé, le balcon du premier étage allait gêner le passage des voisins. David les traite d’ingrats et les convoque au beth dine pour les obliger à détruire leur construction ou à lui permettre la sienne. Il prétend qu’il a accordé sa signature à la condition que tous les voisins la lui accordent aussi le jour où il déciderait de construire. Mais les voisins rétorquent qu’ils acceptent volontiers une construction qui ne dérange personne.
Réponse : il est évident que la signature de David est conditionnée de façon tacite par l’accord des voisins à le laisser construire le jour où il le désirera. Refuser leur signature aurait rendu leur propre construction illégale, puisqu’il se serait avéré après coup qu’ils n’avaient pas l’accord de David d’utiliser les parties communes. Leur accord est même considéré comme un payement pour le sien. On pourrait comparer cela au cas traité par le ‘Hatam Sofer (Yoré Déa 9) au sujet d’un chohet qui a fait à son apprenti la condition de ne jamais pratiquer la chéhita dans sa ville. Le Hatam Sofer considère cette condition faisant partie du salaire que paie l’apprenti et la transgresser reviendrait réduire le salaire du chohet, qui ne peut être remplacé par de l’argent. Il en est de même pour David : sans l’exprimer, il y a là une condition tacite. Il est clair qu’il ne donne son accord que dans l’intention qu’ils lui rendent ensuite le même service. Mais tout cela est valable uniquement pour une construction semblable à celle de ses voisins. Or David demande quelque chose de plus : réduire légèrement le passage des voisins. Il n’existe évidemment pas de condition tacite pour une chose pareille. David aurait pu dès le départ clairement conditionner son accord à l’acceptation de son agrandissement futur, aussi gênant qu’il soit. Mais aujourd’hui, il ne peut plus l’imposer.
En conclusion : David ne pourra pas imposer à ses voisins de signer pour la construction de son balcon s’il dérange plus que le leur.
Rav Réouven Cohen

Balcon pour balcon?