David rencontre son ami Efraïm à la porte d’embarquement pour le vol de Tel-Aviv et lui demande de lui garder sa sacoche le temps qu’il aille aux toilettes. Efraïm accepte et lui dit de la poser sur sa propre valise se trouvant à ses pieds. Un quart d’heure plus tard, en rejoignant Efraïm, David s’aperçoit que sa sacoche a disparu. Gêné, Efraïm ne comprend pas ce qui a pu se passer, mais il avoue qu’il s’est permis de se joindre, pour quelques minutes, à un minyane qui s’est rapidement formé pour prier min’ha. David est très fâché. Il l’avait prévenu Efraïm que sa sacoche contenait entre autres ses téfilines et sa tablette. Il lui demande d’assumer ses responsabilités de chomère (gardien) et de payer la valeur totale du contenu de sa sacoche, évalué à plus de 3000 euros. Vraiment désolé, Efraïm répond qu’il n’a rien à payer puisqu’il a gardé cet objet de façon bénévole pour lui rendre service. De plus, il a agi de la même façon pour ses bagages à lui.
Réponse : Efraïm n’a pas raison. En effet, le gardien bénévole n’est pas responsable en cas de perte ou de vol, mais seulement s’il a convenablement gardé l’objet (Choul’han Aroukh 291 ; 1). Par contre, si l’objet a été volé par sa faute, il en sera responsable et devra rembourser le dommage. Une garde convenable est déterminée selon la façon dont on garde généralement de tels objets. Or personne ne quitte, même pour quelques minutes, son sac à main contenant des affaires précieuses. Même si le gardien se permet de le faire pour ses propres affaires, il n’en sera pas moins responsable. David a donc raison de lui dire : « Tu peux prendre des risques pour tes affaires mais pas pour les miennes ! ». Efraïm devra, a priori, payer la somme que David lui réclame. Il y a pourtant une raison différente qui pourrait l’acquitter de ce paiement. En effet, il existe une controverse entre le Rambam et le Roch à savoir s’il suffit de poser l’objet devant le gardien et de s’en aller pour qu’il endosse la responsabilité (Roch) ou bien s’il faut un acte d’acquisition (en levant par exemple l’objet ou en le faisant entrer dans son domaine) pour devenir gardien (Rambam). Le Choul’han Aroukh (291 ; 5) rapporte les deux avis. Efraïm a été d’accord de garder le sac mais il ne l’a pas pris en main. D’après le Rambam, il n’est donc pas encore devenu responsable. Efraïm pourra donc dire : « kim li – je m’appuie sur cet avis ». Mais s’il veut être quitte selon les deux avis, il devra payer les 3000 euros, d’autant plus que le Choul’hane Aroukh a présenté l’avis du Roch en premier (stam véyéch halakha késtam).
En conclusion : David ne pourra pas obliger Efraïm à lui rembourser l’objet perdu, mais Efraïm fera bien de le rembourser, pour s’acquitter des deux avis mentionnés dans le Choul’han Aroukh.

Gardien bénévole ?