David est allé déjeuner au restaurant de Momo. Il commande en entrée une salade aux lentilles. Au bout de quelques bouchées, il se casse une couronne sur un caillou qui se trouvait dans la salade. David quitte le restaurant furieux et réclame à Momo un dédommagement de 10,000 chequels, 3000 pour la couronne et 7000 pour la peine et le tort qu’il lui a causés. Momo lui répond qu’il est vraiment désolé et qu’apparemment, un caillou s’était glissé dans le paquet de lentilles. Comme dédommagement, il est prêt à lui offrir un bon pour un repas en couple. David ne veut pas en entendre parler. Momo lui dit alors que selon la halakha, il ne lui doit rien puisqu’il ne s’agit que de grama (dégât indirect) pour lequel il n’y a qu’une obligation morale de dédommagement ; de toute façon, ce dommage n’était pas intentionnel. Qui plus est, la compagnie de lentilles est en faute et c’est à elle qu’il doit adresser la réclamation. En fin de compte, ils s’adressent à un Dayane pour connaitre la Halakha.
Réponse: le Choulhane Aroukh Hochen Michpat 306;6 écrit qu’un banquier rémunéré pour vérifier la validité d’une pièce, qui sert au remboursement d’un prêt, sera responsable de ses conseils si la pièce s’avère invalide, c’est-à-dire qu’il devra rembourser en cas de dommage. Il en est ainsi uniquement s’il est clair que le préteur compte entièrement sur cette évaluation en acquittant l’emprunteur de son dû. Dans ce cas-là, bien que causé uniquement par la parole, le dégât est certain. Il s’agit de « dina dégarmi » (dommage indirect mais certain) et le banquier devra payer le dégât causé. Dans notre cas, lorsqu’un restaurateur sert un plat, il dit en fait à son client : « Tu peux compter sur moi et manger tranquillement sans vérifier chaque bouchée ». Le dégât lui sera donc imputé par dina dégarmi et il devra payer le prix de la couronne. Bien que le Beth Din ne force pas le coupable à payer pour des dommages corporels (Choulhane Aroukh Hochen Michpat 1;2), il existe malgré tout une obligation de payer (voir Ktsot Hahochen 39;1). Momo ne peut pas non plus reporter la faute sur le fournisseur des lentilles puisqu’il est mentionné sur la boite qu’il faut vérifier son contenu. De plus, comme le restaurateur est payé, on attend de lui un service de qualité et une attention aux détails (‘hayav biguenéva vaavéda). Quant à la peine causée, il faut savoir que d’après la Torah, celui qui cause un dégât à son prochain doit aussi le dédommager pour sa peine, son chômage, ses frais de guérison et sa honte. Mais ces payements seront imposés uniquement pour un dommage direct et pas pour un dina dégarmi (Ktsot Ha’hochen 333 ;2).
En conclusion: Momo devra payer uniquement 3000 chéquels, le prix de la couronne cassée.
Rav Réouven Cohen

Mésaventure au restaurant