Cela fait déjà trois ans que Rachel a fait sa alya et s’est installé à Jérusalem. Elle se lie d’amitié avec sa voisine Mme Milevski qui a un garçon en âge de se marier. Rachel a eu la bonne idée de lui proposer une camarade de classe de sa fille. Le chidoukh s’avère réussi et le jeune couple se fiance. Le lendemain des fiançailles, Mme Milevski laisse un message à Rachel pour encore la remercier et lui dire qu’elle lui remettra dans quelques jours son salaire de chadkhanit. Rachel est surprise du message et en rit avec son mari. Elle ne savait pas que ce genre de service était rémunéré. Elle ne s’attendait pas du tout à gagner de l’argent. Mais son mari lui dit qu’il sera enchanté de recevoir cette somme. Il lui demande de ne pas y renoncer. Rachel se demande si le fait d’avoir intervenu de façon bénévole équivaut à renoncer à un salaire, ce qui l’empêcherait à présent de recevoir cette somme.
Réponse : Le Choulhan Aroukh Hochen Michpat 12 ;8 écrit : «une méhila (renoncer à un dû) ne nécessite pas d’acte d’acquisition formelle [ il suffira de le déclarer verbalement]. Le Maharchal (a’ssine 48) va jusqu’à rendre valide le fait de renoncer en pensée, puisque la guémara considère qu’une veuve a renoncé aux sommes qui lui sont dues de par sa kétouba si elle ne l’a pas réclamées pendant 25 ans (kétoubot 104a). le Ktsot Hahochen 12 ;1 s’appuie sur le Maharit (2 ;45) pour réfuter cette avis, et explique que la pensée est valable, uniquement si le comportement ou la situation la prouve de façon évidente. En effet, tout le monde comprend que le silence prolongé de la veuve signifie qu’elle renonce à sa kétouba. Le Nétivot 12 ;5 donne raison au Ktsot, mais il rajoute qu’un renoncement (qui ne va pas de soi) par la pensée n’a pas d’effet, uniquement sur un dû existant. Mais si je propose par exemple de la nourriture ou un logement (habituellement payant) sans intention d’être payé je ne pourrais pas changer d’avis et demander salaire, puisque je le lui ai offert sciemment. Dans notre cas, Rachel a depuis le départ offert ses services gratuitement. Bien qu’elle n’ait pas exprimé verbalement de renoncement, elle ne pourra pas à priori demander de salaire. Cependant, il semble qu’elle pourra malgré tout toucher son salaire. En effet, elle a gratuitement offert ses services pour la simple raison qu’elle pensait qu’ils ne sont pas rémunérés. Mais si elle avait su que dans le milieu ou elle vient de s’installer ses services sont payants, elle ne les aurait pas gratuitement offerts. Il y a donc matana bétaout un cadeau par erreur. Ce don est annulé et le service ne sera pas gratuit.
En conclusion : Rachel pourra changer d’avis et accepter le salaire de chadkhanit proposé par sa voisine.
Rav Réouven Cohen

Rachel peut-elle percevoir un salaire ?