Vendredi après-midi, Sammy alla faire de la barque à la mer pour se détendre. Alors qu’il ramait, il se rendit compte qu’à cinquante mètres de lui, un homme emporté par le courant se débattait dans l’eau.
Sammy vit que cette personne pourrait être en danger. En une fraction de seconde, il décida qu’il devait plonger pour le secourir, bien qu’il ne fût pas sûr que sa vie fût en danger et bien qu’il risquât peut-être sa vie. En sautant, Sammy avait parfaitement conscience que son téléphone portable se trouvant dans sa poche serait complètement détérioré. Toutefois, il se dit que chaque seconde pouvait être critique. C’est ce qu’il se passa ; après avoir secouru l’inconnu, Sammy sortit son téléphone de sa poche et…écran noir.
Sammy demanda donc à son nouvel ami de faire un geste pour le dédommager. Après tout, il avait plongé et risqué sa vie uniquement pour lui, et lui a sauvé la vie. Le rescapé, Raphaël, ne perdit pas son sang-froid et lui répondit : 1) Je vous remercie pour votre beau geste mais, contrairement à ce que vous dites, je pense que je pouvais facilement m’en sortir tout seul. 2) Même si vous m’avez réellement sauvé la vie, la Torah vous l’ordonne et vous devez le faire gratuitement.
Sammy et Raphael décidèrent donc de régler ce litige devant le Beth Din.

Réponse:
A propos de l’obligation de sauver son prochain, la Guémara (Sanhédrin 73, a) nous enseigne que toute personne qui voit son prochain se noyer ou être attaqué par une bête sauvage se doit de le sauver, même s’il doit dépenser son propre argent pour cela. Cette Hala’ha est rapportée dans le Tour et le Choul’han ‘Arouh (ch. 426).
Le Beth Yosseph rapporte le Yérouchalmi disant qu’il y a même une obligation de prendre un certain risque pour sa vie s’il y a de fortes chances de sauver son prochain, car c’est un risque minime par rapport à un danger certain pour son prochain. Le Sma’a (426, 2) pense que les décisionnaires ne sont pas du même avis que le Yérouchalmi à ce propos. Par contre, le ‘Havot Yair (ch 146) rapporte le Yérouchalmi dans son responsa. Dans notre cas donc, il existe une divergence d’opinion entre les décisionnaires à savoir si Sammy avait vraiment l’obligation de se mettre en danger pour sauver Raphaël.
Le Tour ajoute au nom de son père, le Roch, que malgré l’obligation de sauver son prochain, serait-ce au prix d’une dépense d’argent, si la personne qui a été sauvée possède cette somme-là, elle devra dédommager son sauveteur. Les commentateurs expliquent que le Roch demande ce remboursement étant donné qu’après tout l’homme sauvé a profité de l’argent de son sauveteur. Selon cette raison, même si le sauveteur n’avait pas une réelle obligation de sauver la personne en danger, il faudra lui rembourser sa dépense. Aussi, même dans notre cas, malgré l’avis du Sma’a cité ci-dessus, Raphaël devra rembourser le téléphone de Sammy.
Toutefois, Raphaël prétend qu’il avait de fortes chances d’échapper facilement au danger sans l’aide de Sammy. On ne peut donc pas affirmer que Raphaël a profité du fait que le téléphone de Sammy ait été détérioré. Bien que Sammy conteste cet argument et prétende que c’est lui qui lui a sauvé la vie, dans le doute et à défaut de preuves, le Beth Din doit dispenser Raphaël de payer à Sammy le prix du téléphone esquinté.
Rav Itshak Belahsen

TRIBUNAL RABBINIQUE POUR PUBLIC FRANCOPHONE
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