Eliézer a mis en vente sa maison d’Herzlia à 5 millions de shekels. Daniel lui propose 4,5 millions et Eliézer ne donne pas de réponse définitive. Quelques semaines plus tard, quand Daniel le relance, Eliézer lui répond qu’il aurait été prêt à accepter son offre si ce n’est qu’un client potentiel s’intéresse à sa maison à un meilleur prix. Eliézer lui promet de le rappeler quelques jours plus tard pour le tenir au courant. Daniel réussit à joindre Benny, le client potentiel, et lui explique qu’il a déjà fait une offre qu’Eliézer semble être prêt à accepter. Il lui demande donc de ne pas s’immiscer dans cette affaire, mais Benny lui fait comprendre qu’il n’a aucune intention de se retirer. Voyant qu’il n’a pas le choix, Daniel propose à Benny 80,000 shekels s’il renonce à l’affaire. Benny accepte et Daniel lui promet de lui verser la somme le lendemain de la signature du contrat. Eliézer, voyant que Benny s’est retiré, signe la vente de sa maison avec Daniel. Le lendemain, Benny réclame son argent mais Daniel lui dit qu’il n’a aucune raison de payer cette somme car ce n’était pas honnête de la part de Benny de s’immiscer dans une affaire qu’il était en train de conclure et, de toutes les façons, il n’a signé aucun accord avec lui. Ils se retrouvent au beth dine où Benny fait écouter aux Dayanim l’enregistrement de sa conversation avec Daniel . Il prétend que Daniel l’a engagé pour appeler Eliézer et lui dire qu’il n’était plus intéressé par l’achat de sa maison. Ce travail, selon lui, mérite salaire.
Réponse : il est vrai que l’engagement envers un employé, pour un travail quelconque, s’établit déjà sur simple parole et ne nécessite pas de signature de contrat (Rivach 476 rapporté par le Beth Yossef ‘Hochen Michpat 331). Mais dans notre cas, l’engagement ne consiste pas à faire un travail, mais à ne pas le faire. Le Pit’hei Techouva (186 ; 4) rapporte une preuve de la Guémara (Kétoubot 91b) qu’un engagement semblable n’est pas valable. De plus, il faut savoir qu’il est interdit de s’immiscer dans une affaire qui est en train d’être conclue (Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat 237 ; 1). Bien que les parties ne se soient pas encore entendues sur le prix, le Pricha écrit que si l’affaire va de toute évidence être conclue si on les laisse se mettre d’accord, on n’aura pas le droit d’intervenir. Daniel a donc dit à Benny de faire son devoir lorsqu’il lui a demandé de se retirer de l’affaire. C’est comme si quelqu’un disait à son prochain : « Construis-toi une souccah et je te payerai pour ton travail ». Il n’est pas tenu de payer, car cette personne a de toute façon le devoir de se faire une soucca. C’est pour cela que le Rama (91 ; 1) écrit que si un homme demande à son gendre d’étudier avec son fils en lui promettant un salaire pour cette étude avec son petit-fils, cet engagement verbal de payer ne sera pas valable puisque chacun a de toute façon le devoir d’étudier avec son fils. Il faudrait un acte (kiniyane) pour valider sa promesse de salaire. Mais dans notre cas, même un kiniyane ne suffirait pas pour justifier le paiement puisque Daniel n’avait pas d’autre moyen de faire valoir son droit et que la somme qu’il a promise était disproportionnelle au « travail » demandé, c’est-à-dire sa non-intervention (voir à ce sujet le Nétivot 264 ; 8 et 91 ; 2).
Conclusion : Daniel ne sera pas tenu de payer les 80,000 shekels à Benny.
Rav Réouven Cohen

Un engagement valable ?