En achetant son appartement à Bayit Vagane, Yoël s’est assuré qu’il y disposerait d’un petit local pour son cabinet dentaire. Mais après s’être installé, il se trouve face à un refus catégorique de la part de certains voisins qui s’opposent à toute activité commerciale dans l’immeuble. Yoël ne baisse pas les bras et propose à ses voisins de régler ce différend au beth dine.
Réponse : le Choulhane Aroukh (‘Hochen Michpat 156, 1) écrit : « Si l’un des résidents souhaite être médecin, artisan ou professeur d’études profanes, les voisins pourront l’en empêcher à cause du va-et-vient. Et même si tous les voisins ont donné leur accord, un seul voisin pourra s’y opposer. » Le Netivot 1 ajoute qu’il n’y a pas de ‘hazaka (un droit d’usage par force d’utilisation, qui s’acquiert par le silence des voisins prouvant leur consentement) pour le va-et-vient puisque les gens qui fréquentent le commerce changent et que le dérangement est différent d’un jour à l’autre. Le consentement pour tels clients n’implique pas de consentement pour les autres. Mais le Choul’han Aroukh (idem 3) ajoute ensuite que les voisins ne peuvent pas s’opposer à une activité considérée comme une mitsva. Or soigner les gens est une mitsva (Choul’han Aroukh Yoré Déa 331, 1). C’est pour cela que le Sma’ (3) dit que la loi ne vise pas un cabinet médical mais plutôt un professeur en médecine que veut organiser chez lui une classe ; dans ce cas, ses voisins pourront l’en empêcher. Le Taz, pour sa part, écrit que l’on permettra uniquement une mitsva qui nécessite un local pour se rassembler, telle que la prière ; par contre, un médecin, bien qu’il accomplisse une mitsva, pourra fournir ce service au domicile de ses patients sans déranger ses voisins. Mais il semble que le Taz serait d’accord qu’un dentiste exerce chez lui, puisqu’il n’a aucun moyen de transporter son matériel chez ses clients. Il faut pourtant citer l’avis du Paamonei Zahav, qui considère que les voisins pourront empêcher le médecin d’exercer s’il a parmi ses clients des non-Juifs que ce n’est pas une mitsva de soigner. Mais ce n’est pas le cas dans le quartier de Bayit Vagane. Aussi, les voisins ne pourront pas s’opposer à l’ouverture de son cabinet dentaire, surtout que l’exercice est limité à quelques clients pour quelques heures seulement (Tour idem 5, au nom du Rama).
Conclusion : Yoël est autorisé à ouvrir son cabinet dentaire dans son appartement sans que ses voisins ne puissent s’y opposer.
Rav Réouven Cohen

Les voisins d’un cabinet dentaire