Dégâts occasionnés par la tempête de neige à Jérusalem
Question : Pendant la dernière tempête à Jérusalem, comme beaucoup d’arbres alourdis par tant de poids des neiges, celui d’Israël est tombé et a atterri dans le jardin de son voisin, Emmanuel. Ce dernier lui a bien sûr demandé de déblayer son gazon et aussi de le dédommager pour les dégâts occasionnés par la chute. Israël lui répond qu’il ne se sent pas coupable des dégâts puisque cet arbre a toujours été entretenu par ses soins et qu’il était donc valide. S’il est tombé, c’est à cause des intempéries et non sa faute. Pour ce qui est du déblaiement, il considère l’arbre comme ‘’hefker’’, comme n’étant plus sa possession et donc cela ne lui incombe pas.
Réponse : Israël a raison en ce qui concerne les dégâts provoqués par la chute. Il peut s’appuyer sur la Tosefta (Baba métsia 11; 5) rapportée par Beth Yossef (416) : ‘’Si un mur tombe à cause d’un tremblement de terre, du vent ou des pluies, s’il a été construit selon les règles le propriétaire est exempt sinon il devra en subir les frais’’. Si ce que prétend Israël est vrai, à savoir que l’arbre était en bonne santé, il est donc exempté de tout frais.
Quant au déblaiement, la michna (baba métsia 117) stipule : ‘’ celui dont le mur attenant au jardin de son ami est tombé, et que le voisin lui demande de déblayer les pierres, s’il lui répond : ‘’elles te reviennent’’ on ne l’écoutera pas’’. Selon les Tossafote, on ne pourra appliquer ici la règle bien connue selon laquelle un objet tombé sans intention et dont le propriétaire n’en veut pas, peut être abandonné. Et ce, parce que les pierres ont une valeur et leur propriétaire veut surement les récupérer. En disant ‘’elles te reviennent’’, il fait preuve de paresse et veut se laisser le temps de faire les choses à son rythme etc.
Dans notre cas selon les Tossafote, l’arbre n’a aucune valeur pour les citadins, il ne le veut surement pas et il est donc sincère quand il dit le rendre ‘’hefker’’ à la disposition de tous. Israël est en donc en droit de se décharger du déblaiement.
Mais l’avis des Tossafote n’est pas retenu par la halakha car on fera une différence entre laisser ce qui est tombé sans intention dans un domaine public ou privé. (Tossafote haRoch, rachach, Kos Yéchouot, hazon ich baba batra 16;14). Puisqu’il s’agit du jardin d’Emanuel, un domaine privé, Israël devra se charger du déblaiement.
Rav Reouven Cohen