Haïm, qui habite Jérusalem, achète comme placement un appartement à Beer-Sheva. Il cherche à le faire repeindre avant d’y installer un locataire. Il contacte un peintre de la ville qui lui demande 8000 shekels pour ce travail. Haïm se souvient que son cousin bricoleur Avy habite Beer-Sheva et lui demande conseil. Quand ce dernier lui affirme que le prix est excessif, Haïm lui demande de lui trouver un peintre moins cher. Avy contacte Chouki, un jeune étudiant qui se propose de peindre l’appartement pour 3500 shekels. Avy annonce à Haïm qu’il a trouvé un peintre très intéressant qui ne prendra que 5500 shekels. Il demande à Chouki de travailler pour Haïm et empoche discrètement 2000 shekels pour avoir établi ce contact. Sa femme lui dit qu’il n’a pas le droit d’agir de cette façon, mais Avy se considère comme un entrepreneur ou comme un courtier.

Réponse : Avy n’étant pas entrepreneur, il devra rendre les 2000 shekels à Haïm. Chouki, qui a été d’accord de travailler pour 3500 shekels, ne touchera que cette somme.

Développement : La michna Baba Métsia (35b) écrit que si un homme loue une vache (un locataire est tenu de rembourser l’objet en cas de vol mais pas en cas d’accident) puis la prête à quelqu’un et qu’elle meurt accidentellement chez cet emprunteur (l’emprunteur, qui profite de l’objet sans payer, endosse toutes les responsabilités et est tenu de payer tout dommage même en cas d’accident), ce dernier devra payer la valeur de la vache. Bien que l’emprunteur soit engagé vis-à-vis de son interlocuteur, c’est-à-dire le locataire, le locataire ne pourra pas se saisir de cette somme (et ne pas rembourser le propriétaire, du fait que lui-même n’est que locataire), faute de quoi il serait accusé de « faire du commerce avec la vache de son prochain ». Cette somme revient donc au propriétaire. Il en ressort un principe général : on ne peut pas toucher de bénéfices sans être impliqué dans une affaire. Les agents et les courtiers méritent salaire pour leur travail, mais ils ne peuvent toucher que la commission qui leur revient pour leur service. Avy peut demander à être rémunéré par Haïm et par Chouki en tant que courtier pour le contact qu’il a établi entre eux. Par contre, il ne doit pas empocher une somme destinée à quelqu’un d’autre (voir Tour Hochen Michpat 332). Quant à l’entrepreneur, c’est lui qu’on engage pour effectuer les travaux ; s’il ne les fait pas lui-même, il peut faire travailler qui bon lui semble. Avy n’est pas entrepreneur : il n’est qu’un envoyé de Haïm pour engager un peintre. Quant à Chouki, il travaille pour Haïm et pas pour Avy. Avy aurait pu lui demander d’être payé pour ce contact mais il n’a en aucun cas le droit de s’approprier une partie de la somme destinée au peintre, même si 5500 shekels est un prix très raisonnable. Pour gagner honnêtement cet argent, Avy aurait pu proposer à Haïm de prendre ce chantier puis engager lui-même Chouki.

Rav Réouven Cohen

Contact : Pour cela, il aurait fallu depuis le départ déterminer son salaire pour établir ce contact. Le cas échéant, il sera payé au minima, mais il aurait fallu depuis le départ travailler avec l’intention de demander un salaire pour le contact ; il serait ainsi devenu de façon tacite employé des parties. Or Avy n’a jamais eu cette intention puisqu’il comptait prendre à l’insu de tous une partie des sommes transférées de ‘Haïm à Chouki. Puisqu’il a depuis le départ renoncé à son salaire de courtier, il ne touchera rien pour ce service.

Chouki : Avy aurait alors endossé toutes les responsabilités d’un entrepreneur.

Courtier, entrepreneur ou envoyé ?