Une location sans contrat ?
Aryé a signé en septembre 2010 un contrat de location d’un an pour un trois pièces à Bayit Vagane au prix de 3900 shekels le mois. A la fin de l’année, il continue à occuper les lieux sans renouveler le contrat et ce, pendant plus de trois ans. En janvier 2015, son propriétaire lui fait savoir que les prix des locations ont considérablement augmenté depuis quelques années déjà. Il lui demande donc de lui verser dorénavant 5000 shekels par mois à compter du 10 janvier ou de quitter l’appartement. Aryé est contrarié par sa démarche et lui demande de le laisser finir l’année jusqu’en septembre puisque son contrat avait commencé en septembre ; il prétend de plus qu’il n’a pas le droit de lui faire quitter l’appartement en plein hiver. Avy rétorque que, depuis septembre 2011, Aryé occupe l’appartement sans contrat et que s’il s’entête, il lui réclamera une augmentation rétroactive depuis 2013, date de l’augmentation nette des prix à Bayit Vagane.
Réponse : Le Choul’han Aroukh (‘Hochen Michpat 312) écrit qu’une location dont la période n’a pas été fixée d’avance pourra être interrompue par un préavis d’un mois, sauf en hiver. Mais aujourd’hui, puisqu’il est d’usage de déménager aussi en hiver, cette restriction n’est plus en vigueur. Si les prix ont augmenté, le propriétaire pourra ajuster le prix immédiatement lors de la hausse, mais pas de façon rétroactive (voir Sma’ 14). La question est de savoir si le fait de poursuivre la location sans renouveler le contrat est considéré comme une location sans contrat ou comme si l’on considère que, de façon tacite, le contrat se renouvelle chaque année pour la même somme et la même période. Le Gaon (14) opte pour la deuxième possibilité en s’appuyant sur le Choulhan aroukh 312 ;14. Mais les autres commentateurs (Mahari ben Lev 4 ;38) pensent que le Roch (1 ; 7), qui est la source du Choul’han Aroukh, traite d’un endroit où les locations ne se faisaient qu’à une date précise, car ultérieurement, il était impossible de louer une maison ou de trouver un locataire. Dans ce cas-là, le propriétaire et le locataire sont bien conscients que leur silence les engage à poursuivre la location. C’est aussi l’avis du Rav Hay Gaon et du Méiri (Baba Metsia 101b) : le silence des parties ne renouvelle pas automatiquement le contrat sauf si elles se sont entendues pour continuer une année supplémentaire, de façon tacite selon les mêmes termes. Mais il est évident que pour la période qui a déjà été payée, le propriétaire pourra ni faire sortir le locataire ni lui demander de majoration.
Conclusion : Avy a le droit de réviser la location à la hausse mais il ne pourra renvoyer Aryé qu’avec un préavis d’un mois.
Rav Réouven Cohen
En achetant son appartement à Bayit Vagane, Yoël s’est assuré qu’il y disposerait d’un petit local pour son cabinet dentaire. Mais après s’être installé, il se trouve face à un refus catégorique de la part de certains voisins qui s’opposent à toute activité commerciale dans l’immeuble. Yoël ne baisse pas les bras et propose à ses voisins de régler ce différend au beth dine.
Yoni et Rivka se sont fiancés et fixent la date de leur mariage pour le 10 Elloul. Ils vont ensemble visiter une salle qu’ils finissent par réserver. Le propriétaire demande d’avancer 10% de la somme et de signer un contrat dans lequel il est stipulé qu’il faudra dans tous les cas payer la totalité de la somme et qu’aucune annulation n’était possible. C’est Yoni qui avance l’argent et signe sur le contrat. Au bout de deux mois, Rivka fait savoir à Yoni qu’elle veut rompre les fiançailles, sans donner de raison valable à ses yeux. Il fait intervenir quelques personnes en vain : Rivka ne l’apprécie pas assez pour se marier avec lui. Les fiançailles sont rompues. Yoni, déprimé, se retrouve avec une énorme dette puisqu’il doit couvrir le coût de la salle. Il se demande s’il peut imposer ces frais à Rivka.
Cette année, David a invité beaucoup de monde à la séoudat Pourim et a dû emprunter au gma’h une table pliante. Philippe, qui faisait partie des invités, boit un coup de trop et en chantant, il frappe très fort sur la table qui se fend en deux. Après Pourim, il appelle David pour s’excuser. David le met à l’aise et lui explique qu’il s’agit d’une simple table en plastique qui ne vaut que 200 shekels. Tous deux se demandent qui doit rembourser la table au gma’h.
Monsieur Attali approche des quatre-vingts ans. Le bruit du climatiseur de ses voisins du dessus, les Lévy, l’empêche de dormir, sans parler de la musique que les Fink écoutent jusqu’à des heures tardives. M. Attali leur a plusieurs fois fait la remarque, mais en vain. Il s’adresse au beth dine pour savoir quels sont ses droits à ce sujet.
Le jour de Pourim, avant de boire comme il se doit, Avraham demande à un élève de sa classe de la yéchiva, Yits’hak, de lui garder ses lunettes. Cette classe étant particulièrement unie, Yits’hak les prend et demande à un camarade commun, Yaakov, de les garder. Une fois dessoulé, Avraham retrouve ses lunettes cassées. Yits’hak l’adresse à Yaakov, qui affirme les avoir déposés chez un autre camarade de classe sans se rappeler lequel. Avraham se tourne vers Yits’hak et lui demande de lui rembourser ses lunettes. Comme c’est à lui qu’il les a confiées, il n’a pas à courir pour chercher le responsable. Mais Yits’hak rétorque que Yaakov est aussi un ami proche d’Avraham et qu’il a endossé toutes ses responsabilités en tant que chomère (gardien). Yaakov, pour sa part, prétend avoir bien fait de confier l’objet entre les mains d’un camarade de classe. Entre copains de classe, on s’est toujours fait confiance. C’est juste qu’il a oublié qui c’était.
David s’est installé dans un quartier religieux de Nétivot, dans le sud d’Israël. Il est émerveillé de l’entraide qui règne dans cette communauté. Désirant lui aussi faire partie de ces généreuses personnes, il décide d’ouvrir un gma’h, une association de prêt sans intérêt. Il accomplira ainsi la grande mitsva de prêter de l’argent à qui en a besoin. Il en parle à ses connaissances et, peu à peu, la caisse du gma’h s’emplit par les dépôts de bienfaiteurs qui désirent participer à cette mitsva. Un jour, il est cambriolé : des voleurs dérobent 3000 euros du gma’h. Il se demande s’il est tenu de rembourser cette somme au gma’h.
David a loué son appartement pour deux ans à son ami Ramy au prix de 6000 shekels par mois. Comme ils se faisaient confiance, David n’a pas demandé de garant. Mais au bout de trois mois, Ramy se retrouve au chômage et a du mal à payer son loyer. Il rassure David que c’est une difficulté passagère et lui demande d’attendre quelques mois pour être payé, le temps qu’il trouve un nouveau travail. Désireux d’aider son ami, David accepte mais demande qu’un garant signe sur le contrat. Avy accepte de signer comme garant. Quinze mois plus tard, David appelle Avy pour lui réclamer 90,000 shekels. Avy est stupéfait de cette somme énorme et refuse de la payer. Il prétend qu’il n’a jamais été d’accord de s’engager sur plus de deux ou trois mois de loyer. Selon lui, David aurait dû l’en avertir plus tôt, car il aurait alors fait pression sur Ramy de payer son loyer ou de quitter l’appartement. De plus, il dit à David que David n’a pas accepté ce locataire en s’appuyant sur sa garantie puisqu’il n’a ajouté sa signature qu’après trois mois d’occupation des lieux. David lui répond que si Ramy avait continué à ne pas payer, il se serait tourné vers le beth dine pour lui faire quitter l’appartement, mais puisqu’il avait sa garantie, il a laissé tranquillement son ami Ramy retrouver une situation stable et c’est justement la raison pour laquelle il a demandé un garant.
David décide d’ouvrir une affaire et pour se procurer les fonds nécessaires, il se tourne vers son ami Daniel. Celui-ci accepte de lui prêter 100,000 euros pour un an, à condition que l’un de leurs amis communs se porte garant. David demande à Daniel de lui virer les fonds car, lui affirme-t-il, Simon est prêt à signer comme garant mais il ne le pourra le faire qu’à son retour de voyage. Daniel et David signent un contrat de prêt avec une condition de garantie de la part de Simon. Sous la pression de David, Daniel accepte de virer les fonds avant même d’en parler à Simon. Ce n’est qu’au bout d’une semaine que Simon signe en tant que garant sur le prêt. Un an plus tard, l’affaire ne s’est pas développée et David n’est pas capable de rembourser le prêt. Il n’est vraiment pas solvable et a même perdu toutes ses économies. Daniel, le prêteur, se tourne vers Simon pour lui demander d’assumer sa garantie. Celui-ci lui demande d’être patient et d’attendre que David puisse payer. Il prétend de plus que David avait déjà reçu l’argent du prêt lorsqu’il a signé la garantie et Daniel a remis cet argent sans même avoir eu sa garantie verbale. Simon prétend n’avoir causé aucun tort à Daniel étant donné que Daniel n’a pas compté sur lui pour prêter cet argent.
A son décès, M. Israëli a laissé quatre garçons et une fille. Il était particulièrement attaché à sa fille unique Rachel. À la fin de ses jours, la maladie ne lui a pas laissé le temps d’écrire un testament pour lui accorder une partie de son important patrimoine. Fidèle aux lois de la Torah, Rachel savait très bien qu’elle n’avait pas droit à une part d’héritage. Elle a malgré tout essayé de convaincre ses frères qu’il n’y avait aucun doute que leur père lui aurait accordé une part importante de ses biens. Ses frères ont fait la sourde oreille. Bien que très contrariée, elle renonce à obtenir une part afin d’éviter toute dispute dans la famille. Mais ce calme ne dure pas longtemps : peu de temps après, ses frères ont besoin de sa signature pour inscrire les biens immobiliers à leur nom au cadastre (puisque d’après la loi civile, elle est héritière d’un cinquième des biens). Sur les conseils de son mari, Rachel refuse de signer tant qu’elle n’a pas perçu une part conséquente de l’héritage de son père. Ses frères l’accusent de ne pas respecter les lois de la Torah et la convoquent au Beth dine dans l’espoir que celui-ci l’oblige à signer chez le notaire qu’elle renonce à sa part d’héritage.