Un obstacle mobile
David a garé sa voiture dans une impasse déclive mais a oublié de tirer le frein à main. Lorsqu’il retourne à sa voiture, il s’aperçoit qu’elle a roulé en arrière et a heurté la voiture de Lior. Celui-ci lui demande payer le dommage causé à son véhicule. Désolé de l’accident, David ne pense pourtant pas devoir payer, car il a arrêté la voiture à un endroit légèrement surélevé de la chaussée qui retenait la voiture. En tous cas, au moment où il a quitté sa voiture, celle-ci semblait être stable. Il est vrai qu’une légère secousse causée par un passant aurait suffi pour la faire dévaler la pente, mais ce serait à ce passant de payer, en vertu de la règle que chacun est responsable de ses actes même s’ils ont causé accidentellement un dégât. Quant au délit de David d’avoir laissé sa voiture sans tirer le frein à main, celui-ci prétend qu’il s’agit de grama, un dommage indirect que le beth dine n’oblige pas à rembourser. David et Lior se donnent rendez-vous au beth dine pour régler ce différend.
Réponse : la Guémara (Baba Kama 6a) écrit que si une personne dépose une pierre ou un couteau sur son toit et qu’un vent ordinaire les emporte, ce sera comparé à un feu qu’elle aurait allumé et qui, poussé par le vent, cause un dommage ; dans ce cas, elle doit payer le dommage. Mais les Tossafot ajoutent que si quelqu’un a déposé une pierre dans le domaine public, et qu’un passant la projette d’un coup de pied et cause un dommage, ce sera le passant qui devra payer ; ce n’est pas considéré comme un « vent ordinaire ». Le Choul’hane Aroukh (‘Hochène Michpat 411) retient cet avis. Le Sma’ (6) explique que bien que les passants ne soient pas censés observer la rue pour éviter d’éventuels obstacles quand ils marchent, cette règle est valable uniquement pour les dispenser de payer des dégâts causés à ces obstacles par une marche ordinaire. Néanmoins, personne n’est censé donner un coup de pied volontaire (généralement agressif) à une pierre au point de causer un dommage. Nous déduisons des propos du Sma’ qu’un léger coup (machinal) sur l’obstacle de la part du passant ne le rend pas responsable et ne décharge en rien celui qui a déposé l’obstacle. Ce dernier sera donc passible du dégât causé par la pierre qu’il a déposée dans la rue au même titre que celui qui allume un feu. Dans notre cas, l’affirmation de David qu’un passant aurait probablement poussé la voiture sur son passage (et aurait dû payer le dommage) ne décharge pas David de sa responsabilité. Il est en faute de ne pas avoir tiré le frein à main et garde son statut de mav’ir (personne ayant allumé un feu) du fait qu’il a déposé dans le domaine public un obstacle facilement déplaçable par des passants.
Conclusion : David doit payer à Lior la réparation de sa carrosserie.
Rav Réouven Cohen

Cela fait déjà trois ans que Rachel a fait sa alya et s’est installé à Jérusalem. Elle se lie d’amitié avec sa voisine Mme Milevski qui a un garçon en âge de se marier. Rachel a eu la bonne idée de lui proposer une camarade de classe de sa fille. Le chidoukh s’avère réussi et le jeune couple se fiance. Le lendemain des fiançailles, Mme Milevski laisse un message à Rachel pour encore la remercier et lui dire qu’elle lui remettra dans quelques jours son salaire de chadkhanit. Rachel est surprise du message et en rit avec son mari. Elle ne savait pas que ce genre de service était rémunéré. Elle ne s’attendait pas du tout à gagner de l’argent. Mais son mari lui dit qu’il sera enchanté de recevoir cette somme. Il lui demande de ne pas y renoncer. Rachel se demande si le fait d’avoir intervenu de façon bénévole équivaut à renoncer à un salaire, ce qui l’empêcherait à présent de recevoir cette somme.
Dans un bâtiment d’Ashdod, les voisins ont obtenu une permission de la mairie d’utiliser les parties communes pour agrandir leur appartement respectif et ajouter deux pièces, c’est-à-dire une surface de 30 m2 pour chacun. Kobi qui occupait le rez–de-chaussée a décidé d’ajouter 12 m supplémentaires. Il fait savoir ses intentions à Avy, son voisin du dessus, et lui demande de partager avec lui les dépenses de fondations et de construction de cette surface, puisqu’elle pourra servir à Avy comme sol d’une pièce supplémentaire. Avy lui répond qu’il n’est pas intéressé par cet ajout non autorisé par la mairie et qui, bien au contraire, porte préjudice à la valeur de son appartement. Kobi a donc payé tout seul les frais d’agrandissement. Cinq ans plus tard, Avy vend son appartement à Nahoum. Celui-ci engage des travaux et utilise la construction de Kobi pour ajouter une pièce à l’appartement qu’il vient d’acheter. Kobi s’adresse alors à Nahoum pour lui demander de participer au coût des fondations puisqu’il en profite aujourd’hui. Nahoum répond qu’il a acheté cet appartement avec cette possibilité d’agrandir ces 12 mètres ; d’ailleurs son vendeur, Avy, a à plusieurs reprises justifié le prix fort qu’il demandait par cette possibilité. De son côté, Avy prétend qu’il a vendu son appartement et qu’il n’a plus rien à voir avec cette affaire. Tous trois se retrouvent au beth dine pour régler ce litige.
David s’installe à Achdod et loue l’appartement de Yaniv. Il est stipulé dans le contrat qu’il peut quitter l’appartement avec un préavis de deux mois. Au bout de six mois, la tuyauterie d’évacuation des toilettes se bouche et cause des inondations dans l’appartement. David appelle Yaniv, et ils essayent ensemble vainement de déboucher le tuyau. David exige que Yaniv fasse immédiatement appel à un plombier. Yaniv tarde à le faire, car il prétend que ce tuyau ne s’étant jamais bouché auparavant, c’est sans aucun doute la famille de David qui y a jeté des objets. Comme le stipule le contrat, c’est au locataire de payer les engorgements causés par une utilisation non habituelle. David rejette ces accusations et s’entête à ce que ce soit Yaniv qui règle ce problème, comme le contrat le demande dans le cas d’une utilisation normale. La situation devient insupportable au point que, dix jours plus tard, David quitte les lieux. Yaniv refuse de lui rendre son chèque de caution, qu’il compte encaisser pour couvrir les deux mois de préavis.