Suite aux mesures contre le coronavirus…
Dan cherche pour ses amis des billets d’avion bon marché qu’il leur commande moyennant une petite commission. Les clients lui transmettent leur numéro de carte bancaire qu’il utilise pour commander le billet et encaisser sa commission. Acher lui demande un billet de Tel Aviv Paris du 8 au 15 mars et Dan lui prend le billet. Mais en apprenant les consignes de confinement de 14 jours son retour de Paris, Acher décide de renoncer ce voyage, quitte perdre son billet. Il demande Dan de vérifier auprès de la compagnie arienne s’il est possible de se faire rembourser. La compagnie refuse. Mais après cette conversation, Dan s’aperçoit qu’il a commis une erreur : il a pris le retour pour le 15 Avril au lieu du 15 Mars. Acher en profite pour demander Dan d’assumer les conséquences de son erreur et de lui rembourser son billet, car ce n’est pas le billet qu’il a command. Pour sa part, Dan prétend qu’en fin de compte, son erreur n’a causé aucun tort Acher, puisqu’il a l’intention de renoncer son billet quoi qu’il en soit.
Réponse : Dan doit payer le retour d’Acher à ses frais, mais si Acher ne fait pas ce voyage, Dan n’aura rien payer.
Motivation : Le Choul’han Aroukh (‘Hochen Michpat 183 ; 5) écrit : « Si un homme mandate un envoyé pour acheter du blé mais que celui-ci achète de l’orge, au cas où l’affaire est perdante, l’envoyé endossera les pertes, mais si l’affaire est gagnante, c’est le mandant qui en profitera ». Le Chakh (9) précise qu’il s’agit uniquement d’une perte occasionne par l’erreur de l’envoyé. Si un accident est arrivé, et qu’il serait arrivé aussi au blé, l’envoyé n’en sera pas tenu pour responsable. Le Ktsot (5) et le Nétivot (7) remettent en question les propos du Chakh : en ayant mal accompli sa mission, l’émissaire devient « emprunteur » de l’argent et donc entièrement propriétaire de la marchandise, ce qui lui fait endosser toutes les responsabilités et l’oblige dans tous les cas rembourser cet argent considère comme un emprunt. Aussi, le mandant n’aura plus rien voir avec cette affaire. D’après cette opinion, Dan devient propriétaire du billet et devra rembourser intégralement Acher.
Mais le Nétivot propose de nuancer les cas. En effet, le Choul’han Aroukh (182 ; 6) stipule ailleurs que si un émissaire fait l’erreur d’acheter sans garantie un terrain, s’il s’avère vol par exemple, la transaction sera maintenue et ce sera l’émissaire d’assumer la garantie, c’est-à-dire les conséquences de son erreur. Le Nétivot considère qu’il faudra vérifier chaque cas o l’émissaire a changé la commande, et déterminer si le mandant reste intéressé par la transaction si l’envoyé couvre toutes les pertes occasionnes par son erreur. Si oui, l’envoyé sera taxé et devra couvrir les pertes sans profiter des gains, moins que l’objet achet ne soit complètement différent et dans ce cas, il en deviendra propriétaire. Dans le cas des billets d’avion, il faut déterminer ce qu’Acher préférait au moment de l’erreur de Dan. Au moment où il avait command son billet, puisqu’il comptait voyager, Acher aurait évidemment préfère garder le billet et bénéficier de la garantie de Dan pour le retour, c’est-à-dire assumer les conséquences de son erreur et procurer Acher un retour la date demande, même s’il lui faut payer plus cher. Il doit lui couvrir toutes les pertes qui lui a occasionnes. Mais si son changement n’a en fin de compte occasionn aucune perte, il n’aura rien payer Acher, sauf restituer la commission qu’il a perue sur le billet-retour.
Rav Rouven Cohen