Lorsque David a acheté son appartement dans le quartier de Ramot à Jérusalem, il ne s’imaginait pas l’accueil qui l’attendait. Après quelques jours de travaux de rénovation, il se trouve face à deux accusations de mosser (dénonciateur) que lui font ses voisins et Avy, l’entrepreneur qui se charge des travaux dans son appartement. En effet, Avy a fait travailler un employé de Cisjordanie dépourvu de permission de travail. David est passible d’une amende de 10,000 shekels s’il ne révèle pas à la police que cet employé a été engagé par son entrepreneur. Avy supplie David de ne pas le dévoiler car, vu son passé, il risque de très gros soucis. D’autre part, David a demandé à la mairie la permission de construire un balcon. Cette demande conduira les inspecteurs de la mairie à découvrir tous les ajouts non autorisés effectués par ses voisins. Ces derniers font de grosses pressions pour dissuader leur voisin fraichement arrivé de France de présenter sa demande à la mairie, en l’accusant de dénonciateur aux instances civiles.
Réponse : le Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat (388 ; 1) écrit que le mosser (dénonciateur) est considérer comme un causeur de dommages et sera tenu de payer les dommages qu’il a causés même s’il n’a nui à autrui que par la parole et pas par un acte. Or les instances civiles n’agissent pas selon la halakha, même en Israël. Aussi, toute réclamation sera considérée comme une messira (dénonciation), faute considérée par la Torah comme très grave, sauf dans les domaines qui ne sont pas traités par le beth din, tels qu’agressions en tout genre, vol ou meurtre. Mais pour des constructions qui léseraient les voisins, la réclamation doit être traitée au beth din. D’autre part, le Choul’han Aroukh (idem) ajoute qu’il en est de même pour celui qui sauve sa vie en révélant [à des voleurs] les biens de son prochain : il lui faudra payer la perte qu’il a causée à son prochain. Mais il semble que notre cas n’est pas concerné par cette halakha. En effet, en déposant à la mairie sa demande d’extension, David n’évoque pas du tout les constructions interdites de ses voisins. Il ne fait qu’exploiter ses droits. Ce sont ses voisins qui se sont attirés des problèmes par leur construction illicite (Rav Silman, s’appuyant sur le Choél Ouméchiv au sujet d’une contrefaçon de signature qui permet à la personne lésée de dévoiler le falsificateur. Bien qu’il y ait lieu de différencier entre une victime de contrefaçon et celui qui veut utiliser ses droits, il semble que retirer un droit fasse partie de cette dispense). Il en sera de même pour l’entrepreneur : il doit assumer son délit d’avoir embauché un travailleur illégal. David aura évidemment le droit de se défendre de toute accusation de la police. Mais il faut savoir que, s’il peut sauver l’entrepreneur en évitant tout problème pour lui-même (l’entrepreneur devra lui avancer les 10,000 shekels), il devra le faire.
Conclusion : David n’est pas tenu de renoncer à ses droits d’agrandissement même s’il risque de causer des soucis à ses voisins. Il pourra aussi dénoncer son entrepreneur pour se couvrir de toutes accusations.
Rav Réouven Cohen

Qu’appelle-t-on dénonciation ?