Comme tout le monde, Dan garde chez lui une boite de tsédaka. L’institution qui la lui a confiée passe tous les six mois recueillir les pièces. Dan se demande s’il a le droit, pendant cette période, d’emprunter l’argent qui s’y est accumulé.

Réponse: le Choul’han Aroukh Yoré Déa 259;20 écrit : « Si quelqu’un promet une pièce à la tsédaka et la met de côté, tant qu’elle n’est parvenue aux mains du gabay (responsable de charité), il pourra l’emprunter ou la prêter à son prochain et la rembourser ensuite par  une autre pièce. Mais si elle est parvenue aux mains du gabay, il ne pourra pas l’emprunter. » La question est de savoir si les institutions de téedaka acquièrent les pièces dès qu’elles sont déposées dans la boite ou s’il faut attendre que les pièces entrent dans le domaine des institutions pour leur être acquises. L’un des moyens pour acquérir un objet est de l’introduire dans son domaine. Mais que se passe-t-il lorsque le domaine de l’acheteur [par exemple son sac] et le domaine du vendeur [par exemple sa boutique] s’entremêlent ? Le Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat 200;3 écrit que les récipients de l’acheteur ne peuvent pas [être considérés comme son domaine pour] acquérir l’objet acheté s’ils se trouvent dans le domaine du vendeur. Le Choul’han Aroukh a opté pour le Rambam et le Rif qui considèrent que telle est la conclusion de la Guémara Baba Batra 85b. Mais le Sma’ cite l’avis du Roch qui pense que la Guémara est restée dans le doute. Le Chakh rappelle que d’après le Ri Migach, lorsque le vendeur a donné à l’acheteur la permission d’introduire son sac dans son domaine, l’acheteur devient propriétaire de l’objet même dans la cour du vendeur. Bien que le Rama (Aboulafia) ne soit pas d’accord avec cet avis, le Chakh opte pour le Ri Migach qui pense qu’il y a acquisition. Dans notre cas où les boites de tsédaka sont déposées chez nous de notre propre gré, bien que l’argent soit encore dans le domaine du donateur d’après le Choul’han Aroukh, il y a lieu a priori de tenir compte des autres opinions et de s’abstenir d’emprunter cet argent. Mais il faut savoir qu’on pourra faire son don en mettant comme condition de pouvoir l’emprunter. Le Rav Eliyachiv considère cette condition comme tacite si l’on a pris l’habitude d’emprunter de l’argent dans la boite de tsédaka.

En conclusion : il est permis d’emprunter de l’argent de la boite de tsédaka. On conseille malgré tout à celui qui n’a pas l’habitude de le faire d’émettre cette condition au moment de son don.

Rav Réouven Cohen

Emprunter à la tsédaka