Ouri n’a pas de travail fixe. Au fil des années, il a acquis une bonne réputation pour les belles   soucot qu’il construit. A la période des fêtes, Il est tant occupé par ce travail qu’il ne trouve pas le temps de construire sa propre souca si bien qu’il se retrouve très souvent sans souca les premiers jours de Soucot. Cette année, son beau-père David n’a pas la possibilité d’héberger sa fille et sa famille. Il propose donc à son gendre de lui payer 600 shekels, son tarif habituel, mais pour construire sa propre souca. Ouri est bien content de construire sa soucca sans avoir de manque à gagner. Après coup, David se demande s’il doit vraiment le payer étant donné qu’après tout, Ouri a travaillé pour lui-même.
Réponse : le Rama (‘Hochen Michpat 81 ; 1) écrit que celui qui dit à son gendre : « Etudie avec ton fils et je te donnerai un salaire » n’est pas tenu de payer puisque son gendre est, de toutes les façons, obligé selon la Torah d’étudier avec son fils ou d’engager pour lui un enseignant. Le grand-père pourra donc dire à son gendre : « Mon offre n’était pas sérieuse ». Le Rama précise que cette halakha n’est valable que si le gendre n’est pas pauvre. S’il est pauvre, la promesse de son beau-père a le statut d’un néder, un vœu de don à la tsédaka, sur lequel on n’a pas le droit de revenir sous prétexte qu’on plaisantait. Le Toumim (6) et le Ketsot Ha’hochen (4) ajoutent que dans ce cas-là, le gendre devient son employé. L’obligation n’est pas uniquement d’ordre religieux, vis-à-vis du ciel, mais elle devient d’ordre monétaire. Le caractère sérieux de cette proposition forme un contrat entre employeur et employé. Pourtant, le Netivot (2) considère que l’on ne peut jamais être employé pour accomplir sa propre mitsva, car c’est comme si l’on proposait à quelqu’un de le payer pour mettre ses téfilines ou se construire une souca. Il existe donc une controverse dans le cas d’une proposition sérieuse de payer une personne pour qu’elle accomplisse sa mitsva : devient-elle employée pour cet acte obligatoire ou pas. Dans notre cas, David reconnaît avoir été sincère lorsqu’il a proposé à son gendre de le payer pour construire sa souca. Si Ouri n’est pas pauvre – et est considéré pauvre celui qui n’a pas de quoi subvenir à ses besoins pour les douze mois à venir – la halakha dépendra de cette controverse, puisqu’il s’agit d’une proposition sérieuse. Par contre, si Ouri est dans le besoin, David devra de toute façon le payer car il a fait un vœu d’offrir une somme d’argent à un pauvre. Mais il n’aura pas les obligations d’un employeur, telles que payer le jour de la livraison du travail, et les héritiers n’y seront pas impliqués en cas de décès.
Conclusion : si Ouri n’est pas pauvre, David pourra suivre l’opinion des décisionnaires qui le dispensent de payer. (Mais on lui conseillera malgré tout de bien considérer sa décision afin de ne pas susciter des tensions dans sa famille.)
Rav Réouven Cohen

Etre rémunéré pour une mitsva?