Faut-il un prouzboul si l’on a emprunté des aliments ?

Deux bonnes voisines, Rivkah et Sarah, ont pris l’habitude de se dépanner en s’empruntant régulièrement les produits alimentaires qui leur manquent. Sarah, une veuve, n’a pas pensé à établir un prouzboul.  Au lendemain de l’année de la chémita, elle se demande si elle a le droit de récupérer ce qu’elle a prêté à Rivkah.

Réponse : Sarah n’aura pas le droit de réclamer à Rivkah ce qu’elle lui doit. Elle devra lui dire qu’elle y renonce. Rivkah pourra cependant lui offrir en cadeau ce qu’elle lui devait, ce qui est un comportement loué par nos Sages.

Développement : Même les prêts d’aliments sont concernés par l’annulation des dettes par la chémita, à moins qu’il s’agisse de sommes minimes ou de voisines qui ne s’attendent pas à être remboursées. La restitution est alors considérée comme un don et pas comme un remboursement. Mais dans le cas de Rivkah et Sarah qui veillent à rendre ce qu’elles empruntent, un prouzboul est nécessaire. Une femme aussi est tenue de l’établir (voir Min’hat ‘Hinoukh mitsva 84 et Yabia Omer 10 ; 3) à moins que son mari ne l’ait fait. Sans prouzboul, le prêteur doit dire à l’emprunteur qui vient rembourser sa dette : « méchamet ani, j’annule ce prêt ».

Notons tout de même que nos Sages ont conseillé à l’emprunteur de rembourser malgré tout sa dette au prêteur qui n’a pas établi de prouzboul. C’est là un signe de piété. Ce que les ‘Hakhamim conseillent, ce n’est pas de rembourser le prêt mais d’offrir la même somme. Comme le précise le Choul’hane Aroukh (67 ; 36), l’emprunteur devra dire : « Cette somme m’appartient et je te la donne en cadeau ». Sans cela, le prêteur ne devra pas l’accepter. Rivkah pourra faire de même et offrir à Sarah les aliments qu’elle lui avait empruntés.

 

Faut-il un prouzboul si l’on a emprunté des aliments ?