David doit se marier dans deux mois. Il demande à l’imprimeur Sammy, un ami de longue date, de lui préparer ses faire-part en précisant qu’il lui réglerait la commande à la fin du travail. Sammy lui promet de lui faire un bon prix. Deux semaines plus tard, Sammy dépose les faire-part au domicile de David. Bien plus tard, Sammy informe David que le prix total est de 800€. Etonné, David explique à Sammy que le prix d’une impression semblable varie entre 500€ et 700€ ; il est donc d’accord de payer 700€ mais pas davantage. Bien entendu, Sammy ne veut en aucun cas reprendre ses faire-part car il ne pourra rien en faire, tandis que David non plus n’est pas intéressé de les rendre à Sammy car il est pressé de les distribuer à l’approche de son mariage. Ils ont donc décidé de poser la question au Beth Ora’a.
Réponse: Le Choul’han Aroukh (189, 1) nous enseigne que dès qu’un acte d’acquisition est effectué, ni le vendeur ni l’acheteur ne peuvent se rétracter et annuler la vente.
Cependant, le Choul’han Aroukh (200, 7) écrit aussi que tant que l’acheteur et le vendeur ne se sont pas mis d’accord sur le prix, aucun acte d’acquisition n’a de valeur, même si l’objet a déjà été remis à l’acheteur, à moins qu’il ne s’agisse d’un bien dont le prix est fixe et connu par tout le monde.
S’il en est ainsi, David peut dire à Sammy : « Soit tu reprends ta marchandise soit je te l’achète au prix qui m’intéresse ». De même, Sammy peut dire à David : « Soit tu paies les faire-part au prix que j’ai demandé soit tu me les rends ».
Cependant, le Séfer « Guet Mékouchar » (Séder Guet Richon, 17) écrit que si un homme a donné un Guet (acte de divorce) à sa femme avant d’avoir fixé le prix de l’écriture avec le scribe, l’acte de divorce n’est pas annulé. Il le justifie en expliquant que bien que le prix n’ait pas été fixé, en prenant le Guet chez le Sofer (scribe), le mari en est devenu propriétaire. La raison en est que tout ce qui a été dit ci-dessus (tant que le prix n’a pas été fixé, l’objet ne change pas de propriété) est valable uniquement pour un objet ayant une valeur universelle. Par contre, étant donné qu’un Guet n’a de valeur que pour le mari et pas pour le Sofer, il est certain que le Sofer l’a donné au mari en pensant que s’ils ne s’accordent pas sur le prix, il acceptera le prix ordinaire sur le marché. C’est pour cela que le mari devra donner au Sofer le prix du marché, mais le Guet demeure sa propriété depuis que le Sofer le lui a remis.
Nous pouvons apprendre du « Guet Mékouchar » qu’il en est de même chaque fois où l’objet vendu ne peut être utile qu’à l’acheteur et pas au vendeur : même si l’acte d’acquisition a été effectué avant que les parties se soient mises d’accord sur le prix, l’acte reste valable.
Ainsi, puisque l’imprimeur Sammy ne pourra faire aucun usage des faire-part, il est certain qu’il les a remis à David avec l’intention que s’ils n’arrivent pas à s’entendre sur le prix, il recevra uniquement le prix courant d’un tel travail sur le marché, c’est-à-dire entre 500 et 700€.
Conclusion : Etant donné que David affirme qu’il est d’accord de payer 700€, le Beth Ora’a a tranché qu’il s’acquittera de sa dette par cette somme.
Rav Itshak Bellahsen

Les faire-part