Des chats escaladent facilement le mur extérieur de la propriété des Lévy et se faufilent ensuite dans le jardin des Cohen. Les deux voisins essaie toutes sortes de dispositifs pour chasser ces importuns, mais en vain. N’ayant plus le choix, les Lévy font rehausser leur mur extérieur d’un mètre supplémentaire sans consulter les Cohen. Après un mois de calme, les Lévy demandent aux Cohen de participer à cette dépense non négligeable. Les Cohen ripostent qu’ils ne leur ont pas demandé leur avis et que ce mur n’a rien avoir avec eux puisqu’il a été construit du côté du jardin qui n’est pas mitoyen au leur.

Réponse : Le Ran (rapporté par le Rama ‘Hochen Michpat 264 ; 4) écrit que celui qui reçoit de son prochain un service (généralement rémunéré)  ne pourra pas dire : « Comme je ne t’ai pas demandé de me rendre ce service, tu l’as fait bénévolement ». D’autre part, il existe une règle bien connue : cofim ‘al midat sdome – je ne peux pas demander de payement à celui qui a profité de mes biens sans me causer de perte quelconque.

Qu’en est-il dans le cas que nous avons cité ? Les Lévy ont construit le mur pour leurs propres besoins et les Cohen en profitent aussi. Les Cohen doivent-ils participer aux frais ? Le Rama (idem) traite d’un cas semblable : deux individus ont été emprisonnés et l’un d’entre eux a déboursé de l’argent pour leur libération. La règle qui ressort est que si le prisonnier n’a pas dépensé d’argent supplémentaire pour faire libérer son compagnon d’infortune, ce dernier n’a rien à payer (en vertu de la règle : cofim ‘al midat sdome), à moins que le prisonnier n’ait pensé dès le début se faire rembourser la moitié. Le Netivot (188 ; 3) explique qu’il est possible de devenir associé malgré soi. En effet, si deux personnes se retrouvent dans une situation  qui impose des frais, l’une pourra imposer à l’autre des frais raisonnables selon le profit qu’elle a tiré.

Lorsqu’ils ont fait construire ce mur, les Lévy ont sûrement pensé faire participer les Cohen qui allaient tirer profit de cette structure, mais ils ont tout simplement attendu de voir que cette solution était efficace avant de leur demander d’en partager le coût. Cependant, le beth dine devra malgré tout vérifier si la famille Cohen aurait pu empêcher les chats de pénétrer dans sa propriété de façon moins coûteuse, par exemple en installant une cloison entre les deux jardins, auquel cas elle ne paiera que le coût de cette cloison.

En conclusion : La famille Cohen devra participer aux frais déboursés par les Lévy.

Rav Réouven Cohen

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